31 juil. 2023Relation à la nourriture

Il faut perdre du poids pour améliorer sa santé…

Par Maude Martinez

Je me nomme Maude Martinez. Je travaille comme nutritionniste spécialisée en troubles de conduites alimentaires... Lire la bio

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Et ta relation avec les aliments dans tout ça?

« Il faut perdre du poids pour améliorer sa santé! » Cette phrase, qu’on peut entendre de la bouche de plusieurs personnes, allant de certains professionnels de la santé à certains membres de notre famille, n’a plus à être justifiée. Aussitôt dite, aussitôt crue! Elle n’est pourtant pas anodine. Conseiller la perte de poids a plusieurs impacts néfastes, dont celui qui me touche le plus en tant que nutritionniste : celui de nuire à sa relation avec l’alimentation.

Les conséquences d’entamer une perte de poids, je les vois chez ma clientèle. Je rencontre de nombreuses personnes qui, après des régimes, sont aux prises avec :

  • du stress et de la culpabilité alimentaires,
  • des compulsions alimentaires (pertes de contrôle pendant lesquelles on ingère une grande quantité d’aliments en peu de temps),
  • de la difficulté à ressentir et écouter leurs signaux de faim et de rassasiement,
  • un trouble de conduite alimentaire (trouble de santé mentale touchant la relation avec l’alimentation).

Comment peut-on en arriver là? Décortiquons ensemble comment les régimes et autres formes de restriction alimentaire (comme le fameux, « je fais attention à ce que je mange ») peuvent influencer notre relation avec l’alimentation.

La famine

La restriction alimentaire nécessaire à la perte de poids est perçue comme une agression par notre corps. Ce dernier a des besoins précis en énergie, en nutriments, en vitamines et en minéraux qui doivent être comblés pour maintenir ses fonctions. Lorsqu’il en manque, il entre en mode survie, c’est-à-dire qu’il diminue sa dépense en énergie et priorise ses activités vitales (comme la respiration et les battements du cœur) en attendant que la famine se termine. Entre-temps, il ne nous laisse pas oublier qu’il attend impatiemment de recevoir plus de nourriture.

L’obsession

Avez-vous déjà soupé beaucoup plus tard que prévu? Je parie que vous vous sentiez irritable, que vous aviez l’estomac dans les talons et que vous pensiez uniquement à la nourriture. Imaginez vivre cet état pendant plusieurs jours, semaines ou mois. C’est ce qu’il arrive quand le corps manque de nourriture. Vos aliments interdits, probablement riches en énergie, en sucre et en gras, deviennent carrément obsédants. Vous imaginez vous baigner dans de la fondue au chocolat et engouffrer 5 grandes pizzas toutes garnies.

Pour la majorité des gens, à un moment, aucun niveau de volonté, aussi élevé soit-il, ne permettra d’échapper à la prochaine étape : l’abandon.

L’abandon

Après la restriction, plusieurs ressentent une faim difficile à combler : leur corps demande une grande quantité de nourriture pour sortir de la famine. Cela mène à l’excès, puis à la reprise du poids (complète ou partielle), la culpabilité et l’impression d’échec. L’estime de soi en prend tout un coup!

À cette étape peuvent apparaître des comportements apparentés à une relation troublée avec les aliments : les compulsions avec ou sans comportements compensatoires (vomissements provoqués, jeûne, activité physique excessive, entre autres) ou bien de la restriction sévère dans l’espoir de ne pas complètement perdre le contrôle. Cela mène parfois jusqu’à un trouble de conduite alimentaire.

Bref, agir en fonction du « il faut perdre du poids pour améliorer sa santé! » peut ruiner la relation avec l’alimentation et, par le fait même, nuire à la santé mentale. Favorisons-nous vraiment notre santé globale en recherchant la perte de poids? Pas tout à fait.

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