On est super chill sur mon p’tit balcon du troisième étage dans le ciel pis les feuilles.
Marie, Seb, Mag, moi.
On se fait des tresses, on se raconte mille patentes. On se fait des nœuds, mais on s’en défait encore plus. On rit comme des débiles parce que la vie veut ça pis qu’on va ben, à soir. Le temps est super doux, on vide mon vinier de rouge cheap en gang, tranquillement en écoutant du Violent Femmes.
Arrive de mon escalier de balcon – l’escalier que JAMA personne emprunte – un de mes voisins; de ceux que j’ai vus genre 3 fois dans ma vie, mais avec qui j’ai habituellement des échanges ben corrects quand on se croise au hasard de la vie.
On sursaute d’entendre quelqu’un arriver de d’là. Personne arrive jamais par là. Je savais même pas moi-même que c’était possible d’arriver de d’là.
« Hey je vous ai entendu avoir du fun! Je me suis dit que j’allais passer voir ma grosse voisine! »
Là y’a comme un frette.
Parce que tsé, 1. Pourquoi sa présence?
Pis que tsé, 2 : Pourquoi se présenter de même?
Parce que rendu là, on peut interchanger son approche rushante avec full d’adjectifs et ça reste toujours tout aussi weird :
« Hey je vous ai entendu avoir du fun! Je me suis dit que j’allais passer voir ma voisine qui louche d’un œil! »
« Hey je vous ai entendu avoir du fun! Je me suis dit que j’allais passer voir ma voisine maigre! »
« Hey je vous ai entendu avoir du fun! Je me suis dit que j’allais passer voir ma voisine pis sa grosse repousse grise! »
« Hey je vous ai entendu avoir du fun! Je me suis dit que j’allais passer voir ma voisine pis son nez croche! »
C’est pas une insulte. C’est juste un fait. Mais ça reste rushant. Genre oui OK, mais pourquoi rajouter l’adjectif? Juste « voisine » ça le faisait je pense?
Fait que là, ça a comme rendu le safe space de ma maison un peu moins safe.
C’est maintenant une place où il est possible qu’on vienne me rappeler que mon corps n’est pas comme celui de la majorité des gens. C’est pas que c’est mal. C’est juste que peut-être que des fois, j’ai pas envie de me le faire rappeler que mon corps diffère.
Particulièrement quand je suis avec des ami-es et que le moment est léger comme tout. Que mes aguets sont à OFF. Parce qu’ils ont pas raison d’être à ON tout le temps. En tout cas, certainement pas chez nous.
Et si j’avais vraiment eu des problèmes avec mon corps? Et si ça avait déclenché chez moi une crise de troubles alimentaires pour essayer de fitter dans un moule? Et si je m’étais mise à super gros m’haïr et à vouloir me cacher tout le temps même si c’est super niaiseux? Et si?
Le frette est tombé sur notre soirée pis après, pu personne a ri de la même façon, même si le voisin a fini par partir de façon aussi étrange qu’il était arrivé.
En saluant personne.
En disparaissant juste.
En laissant juste derrière lui un arrière-goût de « OK, mais pourquoi? ».
S’accepter, de base, c’est difficile pour genre 98 % de la population. Peu importe la shape de la population. On peut-tu juste comme société, essayer de rendre les choses plus faciles pour tout le monde en commençant par la façon dont on aborde les autres?
On jase là.
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