J’ai toujours été rondelette.
Mais en fait, quand je regarde mes portraits de jadis, il s’avère que je n’étais pas si rondelette que ça, selon les époques que j’ai traversées. Tsé, le fameux « j’aimerais ça être grosse du temps que je me trouvais grosse », ben c’est ce feeling-là que j’ai quand je regarde mes photos de l’ancien temps.
Le fait est qu’aujourd’hui, mon corps est vraiment plus gros. Il n’a jamais été aussi gros en fait. Je suis passée de X à 4X pour certains vêtements, en 25 ans.
Pourtant, je m’alimente relativement bien et je vais nager souvent. Mais rien n’empêche la métamorphose : la morphologie de mon corps est comme ça. À quoi bon l’haïr? Il me sert quand même de machine à vivre quand on y pense.
Je suis d’ailleurs extrêmement chanceuse : je n’ai jamais vraiment eu d’intenses phases durant lesquelles je me détestais pour celui-ci.
Des insatisfactions de ne pouvoir me vêtir selon mes goûts? Oui.
La crainte de ne pas pouvoir aller au restaurant, au cinéma ou prendre l’avion parce que mes miches n’entreront pas dans la chaise ou le siège? Souvent. Une fois, je me suis même pas attachée en avion parce que j’étais trop gênée de demander une extension à ma ceinture. Je préférerais crever en crash plutôt qu’assurer ma sécurité, c’est ben pour dire.
La peur de faire rire de moi et d’être jugée? Ben c’est certain. Il y a des journées pires que d’autres. Mais il y a quand même des journées durant lesquelles je me trouve babe en esti.
Ainsi donc, plus les années passent, plus mon corps grossit.
Un stérilet par-ci, des antidépresseurs par-là, de l’alcool par-ci, un manque d’activité physique par-là, une dépression par-ci, une valse d’hormones par-là et hop arrivent les résultats du jour d’hui qu’on connaît.
Je le sais que mon corps est ainsi fait en plus : je gagne des kilos super rapidement. Depuis toujours. J’ai un ami qui, s’il saute ne serait-ce qu’un repas, se met à perdre du poids alors qu’il est déjà très chétif. Son métabolisme est ainsi fait. Il ne bouge pas plus que moi, consomme autant d’alcool, mange plus et pas « mieux » que moi et pourtant, il perd constamment du poids. C’est la loterie de la vie. Quoi faire d’autre sinon que d’accepter les choses?
Mon corps est ainsi fait. Le sien est ainsi fait. Le tien est forgé d’un métabolisme probablement différent et ainsi va la vie qui va-a (pour citer Jean Leloup).
J’accepte mon destin contre vents zé marées. En haussant les épaules et en me disant souvent « ben coudonc » d’un air résigné. Par contre, ces temps-ci je dois l’admettre : je remarque que je vieillis et que de nouveaux défis d’acceptation corporelle entrent en jeu.
La quarantaine est entamée depuis déjà quelques années pour moi et force est d’admettre que de me dévêtir devant autrui devient désormais un enjeu au chapitre mental.
Mon corps a donné naissance. Il est mou et flasque. Il est strié de vergetures. (Je suis une tigresse molle et douce). Mes seins ne sont plus à leur prime jeunesse (l’ont-ils déjà été LOL) et des rides ont incrusté le bas de mon visage parce que je ris constamment (il y a par contre de très jolies rides au coin de mes yeux maintenant quand je ris et j’haïs pas ça pantoute).
Mais là je me suis demandé : Suis-je désexualisée? Est-ce qu’il n’est pas là le struggle de toute? Me sentir désexualisée? Ne plus me sentir désirée? Est-ce qu’on ne se sent valides que par la valorisation de nos corps via les yeux d’autrui?
Quand des mains me touchent, je dois être certaine que ce sont des mains aimantes et bienveillantes. Des mains d’un soir me rendent absolument mal à l’aise. Je ne sais pas comment bouger, je capote si la main s’attarde sur mon ventre. Je me tortille. Je ne suis pas bien. Je souhaite juste que la main migre vers une épaule, plus ferme, entraînée par des années de natation.
Le célibat dans la quarantaine (et plus) entraîne ce genre de pensée, je crois, ne serait-ce qu’insidieusement, sans qu’on ne le veuille. Ça se dépose tout doucement dans les pensées sans même qu’on ait eu à y penser, justement (particulièrement dans la tête des femmes, c’est mon OPIGNON). Comme si c’était internalisé pour la plupart d’entre nous, hein!
Un amant bienveillant m’a déjà dit : le corps d’une femme dans la quarantaine est différent, certes, mais il n’est pas DÉGUEULASSE. En caps. Sûrement que ça veut dire de ne pas capoter? Que c’est toujours possible de plaire, d’être touchée? De jouir, de rire? D’apprécier les mains sur nous?
Et de finalement en venir (hihi, venir) à cette conclusion que la vie est ben trop courte pour s’en faire autant avec ça?
Mon souhait, ce serait qu’on vive, tout simplement. Juste vivre. En plaisant ou en plaisant pas. Juste en vivant. Même s’il faut parfois se parler fort dans le cass pour faire la paix avec soi-même.
Bisous doux xx
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