4 août 2023Tranche de vie

Casseuse de party

Par Karine Nadeau

Je me nomme Karine Nadeau. En tant que blogueuse dont les sujets de prédilection sont... Lire la bio

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La route de la bienveillance

J’avais le p’tit en porte-bébé. L’eau était tiède, presque chaude. On riait fort. On s’arrosait et on se courait après. Je nous trouvais ben chanceux! On était heureux.

C’est à cet instant que je l’ai aperçue. Mon sourire s’est évanoui. Mon moral s’est brusquement assombri. Je ne pouvais l’ignorer, elle me sautait aux yeux. Mon ombre. Difforme, énorme. Je la trouvais hideuse. Pourtant, je me sentais si bien, si libre il y avait deux secondes à peine, avant que la réalité me jette ma propre graisse au visage. Je cherchais d’où provenait cette discordance entre ma réalité et ce qui se reflétait sur l’asphalte. Cette vision soudaine s’infiltrait tel un nuage sombre qui annonce l’orage dans cette douce journée.

Quelle tristesse je vivais.

Ça, c’était moi il y a un an. Fort heureusement, j’ai parcouru plusieurs kilomètres sur les routes de la bienveillance envers moi-même depuis ce jour. Maintenant, je suis douce, compréhensive, empathique et encourageante avec moi-même. Il y a un an, mon estime était en miettes. J’ai beaucoup travaillé dessus. J’ai appris à me connaître. J’ai troqué les comptes fitness que je suivais sur les réseaux sociaux par des comptes sur l’acceptation du corps et l’alimentation intuitive.

Dans mon processus de changement, j’ai carrément cessé les régimes. Dans ce cheminement, j’ai compris qu’en suivant une diète, je me privais de ce que mon corps avait réellement besoin. Avant, dans les moments plus difficiles ou les occasions spéciales, lorsque je me permettais un repas qui n’était pas sur ma liste d’aliments acceptables, je me disais : « j’ai triché, autant continuer ». Je vivais constamment dans le déséquilibre. Le lendemain, j’avais les remords et la culpabilité dans le fond de la gorge. Je me trouvais lâche. Je reportais mon régime au lendemain. Devine quoi? Ben oui, le lendemain j’échouais encore. Mon estime dégringolait. Lundi arrivé, je me bottais les fesses, je me restreignais en suivant mon nouveau programme à la lettre. Mais ça ne durait pas. J’avais l’impression d’être dans le film Le jour de la marmotte. J’en avais ma claque de tous ces efforts qui n’aboutissaient pas. Je croyais dur comme fer qu’en éliminant des kilos, j’allais être foncièrement heureuse et que ce bonheur ne me quitterait plus. J’étais prisonnière d’une spirale incessante qui, à long terme, me noyait impitoyablement dans la honte et la tristesse. Toute l’énergie dépensée à réfléchir sur la façon de mincir et à penser à mon alimentation me grugeait l’âme. C’était rendu pesant en sacrament.

Un an plus tard, avec mes nouveaux schémas de pensées et sans programme alimentaire privatif, je me sens libre. Je mange de tout, j’écoute mes signaux et je demeure réaliste dans mes attentes. J’apprécie ce que mon corps fait pour moi. Je suis capable de m’amuser avec mes enfants et mon chum, je peux les attraper, courir, sauter, tourner et danser! Ce n’est plus la silhouette créée par mon ombre qui va gâcher mon party. À présent, je considère que mes comportements alimentaires sont en symbiose avec ma santé physique et mentale. Tu parles d’une chance! Il est où le bonheur hein? Ben oui, il est ici!

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